Phénomène climatique destructeur du mois de juin Violents orages de grêle sur l’horticulture française
Retour au mois de juin dernier, quand toute la France métropolitaine – et pas seulement l’Aquitaine – a été balayée par des rafales, occasionnant nombre de dégâts !
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La « saison de grêle » a commencé dès début juin dans le Sud-Ouest (Dordogne, Gers), assortie de fortes précipitations sur le nord du Puy-de-Dôme et l’Allier, provoquant de nombreux dégâts sur les toitures et les installations.
Ont suivi la Saône-et-Loire, les Landes, la Seine-Maritime, et surtout le Loiret avec toute la zone horticole d’Orléans* qui a été durement touchée. Avec près de 15 ha de serres grêlées dans ce seul secteur.
Puis une grande partie du territoire a été touchée à différents niveaux, du Béarn jusqu’à l’est de la France au Var, et ce jusqu’à la fin du mois.
« Plusieurs dizaines d’exploitations ont subi de fortes chutes de grêle. Les sinistres se comptent par dizaines, avec un montant estimé à ce jour à près de 5 millions d’euros de dommages, constate Gartenbau-Versicherung, assureur allemand spécialisé en horticulture.
Cultures déchiquetées dans des dizaines d’exploitations en France. ©GBV
Manque de matériaux et d’artisans
L’assureur précise : « Le règlement actuel des sinistres français dus à la grêle est également entravé par le manque de disponibilité des artisans et les difficultés d’approvisionnement en matériaux. Notre équipe France s’est démenée pour établir les constats dans les plus brefs délais et assister les assurés dans leurs recherches de réparateurs. La plupart des chantiers sont déjà en cours. »
Cette séquence arrive après un 1er janvier où l’assureur avait décidé de baisser les primes Hortisecur pour les exploitations françaises dans la branche horticulture, parce que plusieurs années de grêle moins fréquentes avaient été constatées, par rapport à d’autres pays.
Comment retrouver la motivation après trois minutes d’enfer ?
Trois minutes ont suffi, le lundi 20 juin, pour que se déverse au-dessus des établissements Malot, aux Peintures (33), un déluge de petits grêlons formant des agglomérats de la taille d’un poing, suivis de tonnes de grêlons de la taille de balles de golf ! Des rafales de 150 km/h ont lâché 100 millimètres d’eau, formé des congères de 5 m3 de glace. Dans les jours qui ont suivi, d’autres orages, d’une durée de cinq à trente minutes, se sont produits tous les soirs… Résultat : 3,5 ha de serres (verre et double paroi) complètement anéanties (y compris les tablettes de subirrigation et le réseau d’irrigation, les toiles d’ombrage, l’électricité, le hangar du chauffage…), jusqu’à 300 tonnes d’éclats à ramasser par 40 °C et un système de récupération/recyclage à trouver… Les données sont hors norme, a priori une première à ce niveau en France. La tâche est immense. Déjà un mois que l’équipe entière est mobilisée pour nettoyer, avec d’innombrables points à gérer, des devis qui tardent, le moral qui flanche et de grands questionnements pour le futur. Pour les horticulteurs régionaux, c’est aussi l’inquiétude : ils étaient fidèles à la qualité de la production de l’entreprise en jeunes plants. Or leur élevage était juste commencé. Quelque 150 000 mini-cyclamens sont détruits et les cultures ont été stoppées pour plusieurs mois.
Par ailleurs, deux établissements voisins sont durement touchés :
- EARL Ets horticoles Privat, à Bruges (33) ;
- Pépinière Denis Condemine, à Saint-Privat-des-Prés (24), avec la serre de la jardinerie (double paroi) percée, et surtout les productions de pépinière (Nordmann notamment) totalement détruites : les sapins se sont vidés de leur sève à la suite des impacts de grêle.
Le Lien horticole reviendra à la rentrée sur les attitudes à envisager face à ces aléas de plus en plus destructeurs, inondations et grêle en particulier, qui reposent sans cesse les questions d’attitude déloyale de certains concurrents mais aussi d’entraide, d’assurances et de vétusté, de catastrophe naturelle et de calamités agricoles, de prévention et de conseils spécialisés, d’action et de soutien collectif par et pour la filière…
Odile MaillardPour accéder à l'ensembles nos offres :